La préménopause peut commencer dès la trentaine, souvent vers 35 ans. Bien que toutes les femmes ne soient pas affectées par ses signes, elle peut réellement perturber la vie de plusieurs d’entre elles. Une jeune femme dans la vingtaine a contacté Action santé femmes (RQASF) au sujet de « symptômes » de préménopause (ménopause précoce). S’agit-il vraiment des premiers indices de la ménopause, qui survient à 50-51 ans en moyenne?
Ce qui est « normal » et ce qui ne l’est pas
Les variations hormonales peuvent être très différentes. Elles sont influencées par des facteurs physiques, émotifs et environnementaux propres à la vie de chacune. Médecin en santé des femmes, Dre Christiane Northrup constate que la pensée mécaniste et dualiste de la médecine moderne réduit et perçoit encore l’utérus et les hormones associées au féminin comme une source importante de problèmes, un fardeau à endurer pendant toute leur période de fertilité. D’où cette médicalisation par laquelle il est proposé aux femmes de supprimer leurs menstruations ou de modifier leur cycle avec des médicaments hormonaux, voire d’enlever leurs organes (utérus, ovaires) par la chirurgie..
Les variations hormonales pendant le cycle menstruel et au cours des différentes phases de vie sont normales, ce ne sont pas en soi des signes de maladie. Toutefois une maladie auto-immune (diabète, maladie cœliaque) peut perturber le cycle, de même que les médicaments hormonaux. On voit que le cycle menstruel est un reflet de la vie d’une femme, comme le suggère l’Ayurveda (médecine traditionnelle indienne).
C’est dans la nature des choses : au mitan de la vie, lorsque les ovaires ralentissent graduellement leur production d’hormones, la glande pituitaire commande aux glandes surrénales de prendre en partie la relève. Une légère prise de poids à cet âge est un mécanisme protecteur pour favoriser la santé des os et du cerveau en prévision de la baisse du taux d’œstrogènes ‒ puisque le gras du corps favorise la production de ces hormones. Cette transition naturelle peut se dérouler sans heurts.
Mais il existe un grand fauteur de trouble qui brouille la symphonie hormonale si bien orchestrée par la nature : le STRESS. Il joue un rôle complexe et prépondérant dans les déséquilibres hormonaux dont les manifestations, fort diverses, indiquent que « quelque chose ne va pas ».
N.B. Voici des manifestations attribuées à la préménopause : Prise de poids inexplicable; Règles moins régulières ou trop abondantes; Peau plus sèche, sécheresse vaginale; Poils indésirables (par ex. au menton); Bouffées de chaleur (début); Difficulté à se lever le matin; Irritabilité, déprime; Fibrome utérin; Endométriose; et, surtout , un « syndrome prémenstruel » accru : ballonnements, crampes, envie de sel ou de sucre, fatigue, irritabilité, sautes d’humeur, anxiété, déprime, pleurs, perte de confiance en soi, libido en baisse, maux de tête, moins bon sommeil, rétention d’eau, seins douloureux ou gonflés, soif ou appétit accrus.
La reconnaissance des causes peut nous mettre sur des pistes pour les soulager.
Rôle du stress
Le Dr John Lee, spécialiste du système hormonal féminin, a identifié plusieurs facteurs de stress de l’organisme, à la source de déséquilibres hormonaux liés au SPM (syndrome prémenstruel), au SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), aux fibromes, à l’endométriose, au syndrome de la préménopause et aux chaleurs de la ménopause.
Lié à nos vies et plus largement à notre mode de vie, à notre culture, à nos choix politiques et réglementaires, à la fois cause et conséquence, le stress entraine une cascade d’effets complexes. Il est toutefois possible de collaborer avec le corps pour retrouver plus d’équilibre.
Les différents stress/stresseurs ci-dessous alimentent un déséquilibre estrogènes/progestérone, appelé «dominance en œstrogènes», et un déséquilibre cortisol/DHEA, appelé « fatigue surrénalienne ».
- Un stress émotionnel élevé, passé ou présent (stress chronique) lié au travail, aux relations, aux exigences imposées à soi-même, aux traumatismes affectifs.
- Une alimentation pauvre ou inadéquate : pas assez de phytoestrogènes, trop de sucres, d’amidons raffinés (ex. farine blanche) ou d’ingrédients à IG élevé, manque de nutriments essentiels au bon fonctionnement du système endocrinien (hormonal) et du système nerveux.
- L’environnement : les estrogènes administrés aux animaux se retrouvent dans le lait et la viande; ce sont les xénoestrogènes (non produits par le corps lui-même) : pesticides, pollution automobile, plastiques, savons et autres produits industriels (perturbateurs endocriniens).
- Des médicaments hormonaux (pilule anticonceptionnelle, traitement hormonal)
- Un foie qui ne fonctionne pas adéquatement (les excès d’estrogènes sont transformés dans le foie)
- Des intestins en mauvais état, fragilisés par le stress et l’alimentation industrielle (en conséquence, le foie et les reins n’en peuvent plus!).
De plus, la dominance en œstrogènes peut bloquer la thyroïde, une glande qui travaille avec les surrénales : quand le stress épuise les surrénales, la thyroïde ralentit son action, entraînant une hypothyroïdie, dont peut résulter une hypotension, parfois traitée comme étant une dépression. Enfin, notons qu’une hausse du cortisol (hormone du stress sécrétée par les surrénales) entraîne plus de sucre dans le sang, ce qui peut créer des problèmes d’insuline, hormone du pancréas. Or le pancréas travaille de concert avec la thyroïde, les surrénales, les ovaires. L’ensemble de nos systèmes forme un tout. Le stress est en définitive l’un des pires ennemis du système hormonal.
Conseils pour équilibrer ses hormones
- Activer son corps : activité physique quotidienne, massages
- Modifier son alimentation
- Drainer deux fois par an le foie (aux changements de saison idéalement)
- Boire beaucoup d’eau
- Cuisiner soi-même afin de manger peu d’aliments transformés (ceux-ci renferment beaucoup trop de sel, de sucre et d’additifs chimiques)
- Manger en abondance des légumes colorés
- Augmenter son apport en phytohormones : prendre des tisanes de vitex (gattilier), de réglisse par exemple; manger des légumineuses, du soya
- Diminuer le sucre, éviter le plus possible le sucre raffiné
- Diminuer les protéines animales (surtout les produits laitiers, viandes rouges), mais s’assurer un apport suffisant de protéines (noix, légumineuses, poisson, viande blanche, œufs)
- Privilégier une alimentation à faible indice glycémique (IG bas)
- Éviter de trop manger (mais ne pas s’affamer non plus)
- Éviter les gras trans et les huiles rances
- Diminuer le café, éviter le café non biologique qui renferme beaucoup de pesticides
- Limiter les xénohormones qui perturbent le système endocrinien (voir plus haut)
- Dormir, s’accorder du repos si le corps le réclame : prendre un médicament pour étouffer sa fatigue et son stress, par manque de temps ou pour éviter de prendre un congé de maladie/santé peut être une solution temporaire, mais une crise ou une maladie plus grave risquent de se déclarer.
- Diminuer son exposition aux polluants : par exemple diminuer son exposition au tabac ou l’éviter complètement.
Écouter les messages du corps
Prendre conscience de son niveau de stress et prendre des mesures immédiates selon ses goûts : activités sociales, physiques, artistiques, spirituelles. Que ce soit seule ou dans le cadre d’une thérapie, réfléchir à la composante émotionnelle de ce déséquilibre hormonal : se poser des questions sur ses causes, sur ses traumatismes et ses stress. Dans ce monde axé sur la performance et la surconsommation qui entraînent une déconnexion de soi, redécouvrir son côté méditatif et contemplatif (c’est-à-dire être plus dans l’‘être’ et moins dans le ‘faire’) :
- S’adonner à une forme d’art (tricot, peinture, dessin, musique, théâtre, écriture)
- Aller dans la nature : marcher dans un parc, à la campagne ou en forêt
- S’accorder du temps et prendre des vacances si c’est possible
- Ralentir : son pas, son rythme, sa façon de manger; au cours de la journée, s’arrêter pendant quelques secondes pour respirer; éviter de travailler ou de lire en mangeant
- Accepter que tout ne doit pas être parfait en tout temps
- Se donner des rituels au lever et au coucher qui permettent de s’accorder un moment de calme, de conscience, de douceur
- Méditer, faire du yoga, du Tai Chi, du Qi Gong
Enfin : s’accorder le droit de penser à soi, même en jouant le rôle de parent ou d’aidante avec ses parents vieillissants; pour se connaitre, tenir un journal de ses signes physiques et psychiques, de ses émotions, de ses questions, de ses réponses; éviter les relations stressantes ou toxiques; consulter en naturopathie pour de bons conseils en santé globale (certaines praticiennes sont formées en matière d’hormones bioidentiques); consulter en homéopathie pour une approche personnalisée, globale, physique et émotionnelle.
En conclusion
La préménopause et même la « ménopause » ne sont pas un phénomène universel (bien que la mondialisation change la donne). Oui bien sûr toutes les femmes qui ont expérimenté des menstruations pendant un certain nombre d’années connaîtront un jour la cessation de leur cycle menstruel, de manière chirurgicale ou naturelle. Toutefois, « ménopause » ne se traduit pas dans toutes les langues et cette transition n’est pas vécue ni perçue de la même façon dans les différentes parties du monde. La ménopause comme « problème » est un phénomène occidental. La science maintenant cerne beaucoup mieux qu’avant ses liens avec le stress, la surmédicamentation, les polluants environnementaux, la sédentarité et l’alimentation industrielle. Et les solutions, heureusement ou malheureusement, sont tout autant politiques et sociales que personnelles.
Sources
Lee, John R. (Dr), Virginia Hopkins et Jesse Hanley, Tout savoir sur la préménopause. Équilibre hormonal et hygiène de vie de 30 à 50 ans, (3e éd.) Vannes, Éd. Sully, 2003, 384 p.
Lépine, Paul (Dr) et Danielle Ruelens (NA), Aux hormones ou au naturel? La ménopause, une approche intégrée, Montréal, Les éditions Québécor, 2001, 171 p.
Northrup, Christiane (Dre), La sagesse de la ménopause, Varennes, Éditions ADA (traduction de l’américain), 2010, 844 p.
St-Laurent, K. (2021). Féminité & ayurveda : nature, art de vivre, plantes, recettes, rituels bien-être. Les Éditions de l’Homme.
Welch, Claudia (Dre), Balance Your Hormones, Balance Your Life: Achieving optimal health and wellness through ayurveda, Chinese Medicine and western science, 2011, 337 p.
Julie Martineau
D’après la recherche terminologique menée en préparation à la traduction d’un livre sur ce sujet (Dr. Jerilynn Prior, Estrogen’s Storm Season: Stories of Perimenopause), nous devrions plutôt parler de « périménopause », la préménopause étant la période où la femme est menstruée.
Un lien explicatif : http://www.medisite.fr/menopause-definition-premenopause-ou-perimenopause-la-difference.2406250.4400.html
Isabelle
Merci pour votre commentaire! En effet, il existe des nuances entre les termes périméno et préméno. Je ne voulais pas discuter de cette question dans mon billet, mais plutôt choisir un mot familier. Et même, dans le grand public, un seul terme est souvent utilisé pour l’ensemble du mitan de la vie des femmes: ménopause!
Par ailleurs je suis bien heureuse de lire que l’ouvrage de Jerilynn Prior sera traduit en français, il reconnait et met en valeur l’expérience vécue des femmes et vient contredire certaines mauvaises pratiques médicales qui ont encore malheureusement cours. Au plaisir de le lire!
Do
Bonjour,
Un grand merci pour cet article conçu avec sérénité et bienveillance. Il m’a permis de mettre des mots sur des maux, d’en découvrir la source en ouvrant un questionnement autre que purement médical, de prendre conscience des causes environnementales et personnelles possible.
Il me semble que ce qui est écrit était présent quelque part dans mon esprit, relégué en arrière plan par quelques concepts de nos sociétés. J’écoute mon corps depuis quelques temps à peine, certaines des « solutions » évoquées ici sont venues d’elle-même et je commence à les appliquer. D’autres me trottaient dans la tête…
Grâce à cette lecture, je suis convaincue de ma démarche et je vais m’y consacrer, plus sûre de moi.
Encore un très sincère MERCI
RQASF
Heureux que notre « sérénité et bienveillance » vous fasse du bien. Bonne continuation dans votre démarche et si vous avez des questions, n’hésitez pas 🙂
sophie
Bonjour
J’ai 57 ans et toujours réglée. Récemment je sens une chaleur monter en moi à partir du plexus qui se diffuse jusqu’aux oreilles s’ensuit un très grand froid, glacé, je ne transpire jamais de toute façon. Bref pas les symptômes d’une ménopause et pourtant. Je ressens une fatigue énorme, je ne récupère plus de cette fatigue depuis 2 ou 3 ans (même en dormant 12 h par jour !).
J’ai pris un traitement à base de plantes et depuis une semaine je me sens revivre. Je dors très bien la nuit (avant je me réveillais fatiguée), je suis plus « aimable » (plus d’angoisse ni d’anxiété) je n’ai plus cet inconfort de chaud et froid. Bref je redeviens normale ! Certes le stress peux gâcher la vie mais dans mon cas il y avait bien un problème biologique que j’ai pu calmer grâce à ce remède par les plantes (manhaé). Vive internet car ma gynéco ne m’a rien proposé à par des hormones…dont je ne méfie vu la prise de poids et la fatigue chez mes collègues de travail qui en prennent.
Merci pour votre article qui met en exergue l’importance d’un bon équilibre psychologique ce qui est la base de la sérénité.
Isabelle Mimeault, responsable de recherche au RQASF
Bonjour Sophie,
Merci pour votre commentaire! Ne connaissant pas « manahé », j’ai vérifié. Je constate que c’est un complément alimentaire sans hormones et à faible dosage, composé de vitamines (B9, A, E), minéraux (zinc, fer), bêta carotène, Omégas 3 et huile de bourrache, produit et vendu en France. C’est fantastique que vous en ressentiez les bienfaits si rapidement! Évidemment, il ne s’agit pas d’un conseil pour toutes les femmes, puisque chacune est différente.
Bonne continuation! Au plaisir.
Soso
Enfin un article intéressant sur ce sujet. Merci !!!
Mil
Merci pour cet article plein de bons conseils et de douceur. Il me semble qu’il n’y a pas assez de recherches sur la question de la ménopause et que le sujet n’est pas très pris au sérieux parce que c’est un phénomène naturel et féminin. Pourtant, à vivre, ce peut-être très difficile. J’ai pour ma part une immense fatigue, insurmontable, de la déprime, des douleurs musculaires et articulaires, des insomnies… Je voudrais avoir du temps pour moi, me reposer, me relaxer, me promener, créer… impossible avec la vie de famille et la vie professionnelle, le manque d’argent (pas de vacances), les doubles journées de travail. Comment faire pour appliquer vos bons conseils dans ces conditions ? Que les hommes ont la vie belle !
Isabelle Mimeault, responsable de recherche au RQASF
Merci Soso et Mil pour votre appréciation.
Mil, je comprends tout à fait votre propos, bien que je ne connaisse pas votre situation particulière.
Nous vivons une époque où plusieurs systèmes se chevauchent, nous sommes témoins de tout et de son contraire, d’inégalités sociales et de santé partout, autant loin de nous que tout près. Plusieurs milieux de travail ne sont vraiment pas adaptés à la réalité d’aujourd’hui, à la famille, aux gens. Et nous y participons tous. Même des hommes qui auraient le gout de s’impliquer davantage avec leurs enfants en souffrent. Mais effectivement, ce sont surtout les femmes qui paient le prix de cette inadéquation du système culturel et économique aux besoins des personnes. Le féminisme a vraiment encore sa place!
En ce qui concerne votre fatigue et le manque de temps, comme il y a plusieurs propositions dans le billet ci-haut, il y a probablement une approche qui vous corresponde. Commencer par 10 minutes de marche par jour, ou 10 minutes de méditation, ou encore plus simple, respirer le soir avant de dormir (dans le genre cohérence cardiaque: inspirer lentement pendant 5 secondes, expirer lentement pendant 5 secondes, continuer pendant 5-6 minutes…
cela peut amorcer des effets bénéfiques. Au plaisir.
Et nous avons souvent peut d’oser nous affirmer et demander ce dont nous avons besoin. Je vous souhaite de trouver un peu de paix en vous, ça commence par là, ensuite les gens autour finissent parfois par comprendre. 🙂
Salmon
Bonjour
Moi depuis plusieurs mois c’est très compliqué j ai beaucoup de mal à trouver ma respiration et je dors très mal et j ai le palpitant qui folaille j ai mal au ventre avant tout ça je suis rouge sur les joues j ai 51 ans ça fait 4 mois plus de règles mais en ce moment quand je vais chez le médecin on ne parle que de covid moi je suis sur que c’est la premenopause j ai voulu prendre rendez-vous avec une sophrologue mais plus rien ne fonctionne la vie c est arrêté sur le covid et toutes les autres pathologies sont oublié je ne sais plus quoi faire