Depuis la parution d’un billet sur la sécheresse vaginale il y a deux ans, les demandes d’information qui nous étaient autrefois adressées par téléphone/courriel à ce sujet ont disparu. Notre site Web a pris le relais, avec une augmentation des consultations de cette page de 492 %, dans la dernière année seulement. Preuve d’un réel besoin d’information sur ce problème intime dont on parle peu et face auquel les femmes se sentent parfois démunies.

La sécheresse vaginale ne concerne pas seulement les femmes qui ont des rapports sexuels avec pénétration et elle n’est pas seulement ressentie au cours desdits rapports. Cela peut être constant : cela brûle, démange, pince et cela peut nuire aux activités quotidiennes ou au sommeil. Attention : ces symptômes peuvent aussi être le signe d’infections vaginales dues à des champignons à levure, à des bactéries ou à des maladies transmises sexuellement : consulter en cas de doute. Ces infections ne sont pas discutées ici.

Consulter notre dossier : Ménopause et changements génito-urinaires

Sécheresse vaginale : des causes (vraiment) diverses

La sécheresse vaginale peut affecter toutes les femmes. La grossesse, l’allaitement et la ménopause sont reconnues comme des périodes propices à ce problème. Toutefois une multitude de facteurs peuvent entrer en jeu : fatigue, stress, médicaments (antidépresseurs, antihistaminiques, certains médicaments contre le cancer, les ulcères et la tension artérielle, contraceptifs oraux / hormones…), maladie (cancer, diabète, dépression par exemple), détresse psychologique, traumas sexuels, tabagisme, alimentation déficiente, utilisation de produits irritants, insatisfaction (consciente ou non) dans le couple… et tout ce qui peut déterminer ces situations.

Côté méno

Dans la cinquantaine, les organes génitaux des femmes subissent des changements. Les parois du vagin deviennent moins lubrifiées, plus minces et moins élastiques principalement en raison de la baisse du taux d’estrogènes. Environ une femme ménopausée sur deux, voire plus de 60% selon les sources sera affectée par la sécheresse vaginale.

De réelles difficultés peuvent survenir au cours des années précédant et suivant la ménopause : douleurs lors des rapports sexuels dus à la sécheresse vaginale et plus largement aux changements physiologiques, bouffées de chaleur et sueurs nocturnes incommodantes, tensions intérieures, conflits, etc. Les femmes sont très sensibles à leur corps et leur sexualité est particulièrement influencée par leurs pensées et leurs émotions.

La ménopause sonnerait-elle la fin de la vie sexuelle pour de nombreuses femmes? Non! La plupart des femmes réussissent à bien vivre ces modifications de leur anatomie. Et même, pour bon nombre d’entre elles, qu’elles soient en couple hétérosexuel ou lesbien, la sexualité devient plus satisfaisante dans les années suivant la ménopause, après une période d’ajustements. Le corps et l’esprit ne font qu’un : ne sous-estimons pas les dimensions psycho-sociales et relationnelles de l’équilibre hormonal comme de la sexualité. Sachons que la santé globale d’une femme a plus d’impact sur sa sexualité que la ménopause elle-même.

Bonne nouvelle, le clitoris, lui, ne vieillit pas! Alors n’hésitons pas à lui manifester notre gratitude.

Sécheresse vaginale : que faire?

Pour soulager les sensations désagréables dues à la sécheresse vaginale (PDF), nous pouvons :

  • Pratiquer régulièrement des exercices de Kegel (excellente activité dans les files d’attente, en métro ou en autobus!)
  • Faire l’amour ou se masturber, pour la détente, et aussi parce que la lubrification naturelle aide à calmer l’inflammation, tout comme le sperme (au moins deux fois par semaine)
  • Pendant les relations amoureuses : s’accorder plus de temps (la lubrification est plus lente), utiliser un lubrifiant à base d’eau (du genre « KY »)
  • Intégrer des activités physiques (PDF) à son quotidien (marche rapide, petites courses, etc.) et s’accorder du temps de détente (yoga, respiration profonde, méditation, tai chi, pilates etc.).
  • Bien se nourrir (PDF) : fruits, légumes crucifères, graines de lin, soya, noix, germe de blé ou son huile, etc; boire de l’eau
  • Prendre un suppositoire de vitamine E
  • Appliquer de l’huile de rose musquée du Chili, de l’huile d’amande douce, du gel d’Aloe Vera ou encore de l’huile de coco (biologique et non raffinée) sur la région vaginale, matin et soir
  • En tisanes ou teintures-mères, recourir aux plantes amies de la ménopause, l’actée à grappes noires (Racemosa cimifuga) ou la sauge sclarée (Salvia sclarea)
  • Masser le bas-ventre avec 1 goutte d’huile essentielle de sauge sclarée (Salvia sclarea) OU déposer 1 goutte de la même huile essentielle sur un comprimé neutre (ou un petit morceau de sucre), et faire fondre dans la bouche (2 fois par jour pendant 20 jours)
  • Appliquer une petite noisette de crème de progestérone naturelle sur le bas du ventre ou directement sur la vulve (chaque soir)
  • Opter pour l’homéopathie, par exemple Folliculum 5 CH, Bryonia 5 ou 7 CH, Natrum Muriaticum 5 CH (il est préférable de consulter un ou une homéopathe pour personnaliser le traitement).
  • Si rien ne fonctionne, et qu’en plus d’être plus sec, le vagin s’est atrophié (ce qui survient plus souvent lorsqu’une femme a cessé toute activité sexuelle pendant un certain temps), il vaut mieux consulter : une prescription de crème à base d’estrogènes en application locale peut s’avérer nécessaire (si les hormones ne sont pas contre-indiquées).

Enfin, nous connaissons toutes les conseils habituels concernant l’hygiène (pas de savons irritants sur la vulve, éviter les douches vaginales, éviter les papiers de toilette parfumés), le port de sous-vêtements de coton (et non de tissus synthétiques), par exemple.

Pour traverser cette période d’ajustements dans notre vie, ajoutons-y une touche d’humour, accordons-nous le temps de trouver ce qui nous convient et assurons-nous de la complicité de notre partenaire! Et rappelons-nous que la sexualité féminine est complexe. Le mitan de la vie est une occasion idéale de nous redéfinir et nous redécouvrir.

Isabelle Mimeault, responsable de recherche (RQASF)

Sources

Notre soupe aux cailloux : Une œuvre collective pour la santé des femmes au mitan de la vie, par le RQASF, 2006)

Ma bible des huiles essentielles : guide complet d’aromathérapie par Danièle Festy (Éditions Caractère, 2013)

La ménopause au jour le jour, par Réjean Savoie et Gemma A. Gallant (Éditions Berger, 2014)

La sagesse de la ménopause, par Christiane Northrup (ADA Éditions, 2010)

Tout savoir sur la préménopause : Équilibre hormonal et hygiène de vie de 30 à 50 ans, par Dr John R. Lee, Dre Jesse Hanley et Virginia Hopkins (Éditions SullY, 2003)

Sécheresse vaginale