Selon un mythe persistant qui entoure la dépression chez les femmes, les hormones influenceraient principalement la santé mentale des femmes. Outre un certain déséquilibre hormonal bien réel en période de ménopause, plusieurs facteurs risquent de jouer un rôle important sur la santé mentale des femmes à cette période de leur vie. Les conditions de vie et les événements marquants, avec leurs conséquences sur le niveau de stress, peuvent avoir une incidence plus importante sur l’équilibre mental. Il faut compter également certains facteurs génétiques décelables, par exemple, lorsque des parents proches ont souffert de dépression.

L’impact des déterminants sociaux sur la santé mentale

Dans une grande majorité de cas, il serait faux d’affirmer que la ménopause est la principale responsable d’une dépression ou de tout autre problème de santé mentale.

Le contexte social, la pauvreté, les responsabilités envers des parents vieillissants, la double tâche de travail à l’extérieur et à la maison, l’isolement, le manque de soutien informel de groupe ou individuel et l’exclusion ont un impact sur la santé mentale des femmes.

Les événements de la vie, les tensions au quotidien, la faible estime de soi, les surcharges de travail, les mauvais traitements, les difficultés et les abus économiques, la précarité d’emploi, les difficultés avec les enfants, le harcèlement et la violence contribuent aussi à fragiliser, ou tout au moins, à éprouver la santé mentale. Ces multiples réalités dépassent l’incidence du simple déséquilibre hormonal.

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Ménopause : une période propice aux remises en question

La ménopause signifie qu’une étape de la vie est franchie; elle s’accompagne de toutes sortes de perceptions, de remises en cause et d’angoisses qui peuvent influer sur le déroulement de l’expérience physiologique et en aggraver les symptômes. Ce ne sont pas les changements hormonaux qui engendrent ces bouleversements, mais plutôt le moment où ils se produisent et, surtout, le sens que l’on donne à ce moment. Il n’est pas simple pour les femmes qui le vivent et se perçoivent à un carrefour de faire les distinctions nécessaires entre ce qui relève de l’ordre biologique et ce qui tient de leur situation générale. (De Koninck, 2000.)

Malheureusement, on pose trop souvent divers diagnostics de maladies mentales, comme la dépression, sans tenir compte du contexte global entourant l’état de santé mentale de la personne. Ainsi, toute la responsabilité de la maladie incombe à la femme seule et la part qui revient à la société est négligée.

La détresse et la souffrance humaines ont souvent pour origine divers problèmes sociaux et, malheureusement, se perpétuent faute d’avoir été situées dans une perspective plus large.

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