L’incidence élevée du cancer vous inquiète? Et si vous êtes une femme, celle du cancer du sein en particulier? Selon les autorités médicales, cette situation est due au vieillissement, à la génétique, aux meilleures techniques de dépistage et aux mauvaises habitudes de vie. Mais pourtant des personnes de poids santé, actives et qui s’alimentent bien, et d’autres, qui ne présentent pas de facteurs de risque « reconnus », peuvent développer un cancer. Le cancer s’abattrait-il au hasard, sur des personnes malchanceuses?

Le cancer se développe sous trois conditions : l’ADN des cellules d’une personne est endommagé par des agents mutagènes (qui provoquent un changement brusque lors de la division cellulaire); l’équilibre entre les cellules cancéreuses « dormantes » dans l’organisme et nos défenses naturelles (système immunitaire) est rompu; le « terrain »* est propice, acide et inflammatoire.

Des causes éclairantes

Selon une vision globale de la santé, le cancer est une maladie complexe, liée à notre civilisation industrielle, dont les causes ne sont pas qu’individuelles mais multifactorielles, sociales et collectives. Une analyse approfondie montre qu’un ensemble de déterminants sociaux et de facteurs économiques, historiques et politiques affectent les capacités immunitaires et le « terrain » des populations, des personnes.

David Servan-Schreiber énumère dans son ouvrage Anticancer cinq causes de l’explosion des cancers depuis la Seconde Guerre mondiale : la surconsommation de sucre, l’alimentation artificielle des animaux d’élevage, le manque d’activité physique, les réseaux sociaux (relations) et la présence de substances chimiques dans notre environnement. Tous ces facteurs sont liés au mode de production industriel et à notre mode de vie stressé.

Depuis des décennies, le génie chimique a créé des dizaines de milliers de substances dont l’innocuité (la non-toxicité) n’a pas été clairement établie. Ces substances sont bues, mangées, respirées et appliquées sur la peau. Parce qu’elles se retrouvent en quantité minime dans l’organisme, elles n’ont pas inquiété les autorités sanitaires pendant de nombreuses années.

Combien d’années et combien de morts a-t-il fallu avant de reconnaitre les effets du tabagisme? Combien d’années encore avant de cerner les effets des pesticides, des plastiques et d’autres substances toxiques dans l’agriculture et l’élevage, dans la fabrication des matériaux de construction, dans les produits d’entretien ou dans les cosmétiques qui font partie de notre mode de vie? Sans oublier les OGM. L’industrie agroalimentaire fabrique des produits raffinés, sucrés, remplis de gras trans, d’additifs, de colorants, d’agents de conservation et de nitrites. En bref, la liste des ingrédients cancérigènes dans ce que nous consommons quotidiennement est longue. Et aujourd’hui, nous savons que les effets synergiques** et cumulatifs de ces polluants peuvent nuire à la santé.

La pollution toxique est non seulement chimique mais également physique et sociale. On la trouve dans les champs électromagnétiques et les rayonnements, dont on commence à soupçonner les effets à long terme. On la trouve dans le bruit. On la trouve aussi dans le stress : ressentir de la pression au travail et à la maison, vouloir performer dans sa vie personnelle, fournir l’aide et les soins aux proches, dans un contexte où l’État se désengage.

Les invitations à la consommation et à l’endettement, la promotion de nouveaux besoins matériels, la présence envahissante des publicités et le culte d’une beauté inaccessible font aussi partie des pollutions liées au stress; tout cela mine l’esprit, cet esprit qu’on ne peut séparer du corps. Tous ces stress favorisent aussi les conflits, les émotions négatives, la détresse psychologique et la dépression.

Facteurs de santé

Nous savons qu’un diagnostic n’est pas une condamnation automatique car plusieurs cancers se traitent mieux qu’avant. Néanmoins, aucun pronostic (prévision de l’issue) ne peut prétendre être précis. La guérison dépend de nombreux facteurs, dont les conditions de vie et l’environnement de la personne, son attitude et son entourage.

Des changements de société profonds seraient nécessaires pour modifier les causes réelles et souvent occultées du cancer. Toutefois, la recherche révèle que fortifier son système immunitaire et diminuer l’inflammation dans son organisme peuvent faire cesser la progression d’un cancer ou l’empêcher de se manifester. Voilà tout de même de bonnes nouvelles!

Activer vos facteurs de santé

  • Apaiser son mental : prendre du temps pour soi, rencontrer les personnes qui nous sont chères, s’adonner à des activités sociales bénévoles, faire du yoga, du tai chi ou tout autre activité qui aide à se sortir des préoccupations quotidiennes, rire.
  • Dormir (en lien avec la mélatonine), le sommeil (PDF) est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire.
  • Se permettre de ressentir et d’exprimer ses émotions : danser, écrire, dessiner, chanter, pleurer, rire.
  • Régler ses conflits intérieurs (souvent enfouis dans l’enfance) et ses stress relationnels par une psychothérapie, une approche complémentaire, une démarche spirituelle; améliorer sa relation à soi (se pardonner…).
  • Varier son alimentation et apporter graduellement des changements : augmenter sa consommation de légumes, augmenter sa consommation d’Omégas 3 (lin, noix, poisson gras), limiter sa consommation de sucres et de féculents (pâtes, patates), manger avec modération, cuisiner chez soi plutôt qu’acheter du prêt-à-manger du supermarché ou du resto, cuisiner à basse température.
  • Intégrer dans son alimentation : légumes crucifères (choux, brocoli), famille des alliacés (ail, oignon, poireau, échalote, ciboulette), fruits et légumes riches en carotène (carottes, tomates, citrouilles, abricots, betteraves et autres fruits et légumes aux couleurs vives), curcuma associé à du poivre noir, gingembre, thé vert, olives et huile d’olive (extra vierge), soya biologique de préférence fermenté (tempeh), champignons, fines herbes et épices (telles que romarin, thym, origan, basilic, menthe, persil), algues (nori, kombu, wakamé, aramé, dulse), petits fruits rouges, agrumes, prunes, pêches, nectarines, vinaigre de cidre de pommes, jus de grenade, chocolat noir à 70 %, etc.
  • Boire de l’eau, diminuer sa consommation d’alcool.
  • Activer son corps et prendre du soleil (vitamine D en hiver), prendre des marches dehors, faire circuler son énergie par des massages, des caresses ou toute activité qui fait bouger le corps.
  • Respirer! Prendre des pauses pour respirer par le nez, de façon consciente, en gonflant le ventre, lentement.
  • Réduire son exposition aux polluants environnementaux ou en réduire les effets par une alimentation (PDF) qui aide le foie (premier réflexe : citron et légumes crucifères de la famille des choux et du brocoli) et par l’activité physique (PDF); limiter son exposition au tabac.
  • Réduire son exposition aux médicaments hormonaux synthétiques (pilule, traitement hormonal).
  • Consulter en naturopathie ou une autre approche complémentaire (PDF) de son choix afin de faire un bilan de vie et d’établir les mesures les plus appropriées pour soi, personnellement, au quotidien.
  • Savoir en prendre et en laisser avec tous ces conseils! Lâcher prise.

N’oublions surtout pas qu’il est impossible de contrôler de manière absolue les facteurs de risque du cancer. Aussi bien opter pour les facteurs de santé : prendre en charge sa santé favorise un esprit positif, un sentiment de plénitude et de satisfaction. En adoptant des moyens qui nous correspondent, il pourrait en résulter une synergie d’effets positifs.

* Chaque personne possède un « terrain », c’est-à-dire une hérédité, un vécu et une hygiène de vie, qui lui est propre et qui prédispose à la santé ou à la maladie. De façon plus précise, le cancer appréciera un terrain acide.

** Le fait d’être associés multiplie l’effet des polluants.

– Isabelle Mimeault, responsable de recherche (RQASF)


Lectures suggérées

BARBIER, G. et A. FARRACHI (2007). La société cancérigène : Lutte-t-on vraiment contre le cancer?, Paris, Points, 220 p.

JANSSEN, T. (2006). La solution intérieure : vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit, Paris, Fayard, 375 p.

RÉSEAU QUÉBÉCOIS D’ACTION POUR LA SANTÉ DES FEMMES (RQASF) (2011). Les cancers du sein et des organes reproducteurs, Montréal, RQASF, 38 p. + annexes.

SERVAN-SCHREIBER, D. (2010). Anticancer. Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles, Paris, R. Laffont (Réponses), 405 p.

SERVAN-SCHREIBER, D. (2003). Guérir : le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse, Paris, Pocket.