Cet article est issu d’une collaboration entre Victoria Doudenkova, travailleuse au RQASF, et Jonathan Léger Raymond, fondateur du site Ayurvéda Révolution, thérapeute ayurvédique et herboriste accrédité. Cette collaboration vise à éveiller concrètement la curiosité des femmes à d’autres façons d’aborder la santé, ce qui est encouragé par l’approche globale et féministe de la santé.

Qu’est-ce qu’un fibrome utérin ?

Le fibrome, aussi appelé léiomyome, est une tumeur bénigne non cancéreuse qui se trouve au niveau de l’utérus. Les tissus du fibrome croissent de manière débridée à la surface ou dans la paroi utérine elle-même. Il y a aussi une influence de l’hérédité dans l’apparition des fibromes. Il affecte ainsi entre 20 et 40 % des femmes caucasiennes en âge de procréer et environ 50% des femmes d’origine africaine. La prévalence augmente avec l’âge. Une femme peut avoir un à plusieurs fibromes allant de la taille d’un pois à celle d’un pamplemousse, voire d’un melon. (1)


Symptômes

La majorité des fibromes utérins sont asymptomatiques. Malheureusement, certains fibromes, selon leur taille et leur localisation dans l’utérus, peuvent affecter la qualité de vie. Il est alors possible de ressentir des symptômes comme un gonflement du ventre, des douleurs chroniques ou des sensations de pressions.

Les fibromes sous-muqueux (au niveau de la cavité de l’utérus) conduisent parfois à des saignements abondants, ce qui peut causer de l’anémie. Ils peuvent également affecter la structure des tissus corporels (appelés dhatus en ayurvéda) entrainant des troubles de la fertilité à cause de la déformation de l’utérus ainsi que de l’endomètre et favorisant ainsi les fausses couches en obstruant le système reproducteur, ou shukra vaha srota. Aussi, des fibromes volumineux, notamment ceux situés sur la paroi externe de l’utérus, peuvent créer des compressions.

Selon l’ayurvéda, mamsa et shukra dhatu sont principalement touchés par les fibromes car ces familles de tissus sont relatives aux tissus des glandes endocrines et à la chair en général (mamsa) ainsi qu’aux tissus du système reproducteur (shukra).

D’autres symptômes sont alors possibles comme la constipation, des envies fréquentes d’uriner ou, au contraire, de la rétention urinaire. Ces compressions peuvent affecter la circulation veineuse au niveau du pelvis et favoriser l’apparition de problèmes comme les hémorroïdes et les varices.

À terme, lorsque les fibromes se développent, on retrouve une prédominance de symptômes de type vata comme pour la plupart des problématiques chroniques et persistantes: douleur, constipation, anémie et urgence urinaire. Par ailleurs, les saignements abondants et les excès de stimulation hormonal sont des aspects associés au dosha pitta alors que le volume du fibrome et les compressions qu’il entraîne sont des symptômes correspondants au dosha kapha.


Traitement conventionnel du fibrome utérin

La prise en charge du fibrome utérin en médecine conventionnelle se fait généralement par le biais de médicaments, de techniques d’embolisation ou par la chirurgie: myomectomie ou hystérectomie. Un fait curieux et parfois malaisant: dans le jargon médical, on exprime parfois la taille du fibrome en mois de grossesse pour comparer la taille du fibrome à la taille d’un fœtus.


Fibrome utérin et hormones sexuelles

Aborder le fibrome utérin de manière holistique, c’est avant tout comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’une tumeur bénigne qui apparaît dans l’utérus par hasard ou uniquement à cause d’une mauvaise génétique. Le fibrome utérin est relié à notre santé globale et surtout hormonale. On considère que le fibrome utérin est généralement associé à un déséquilibre hormonal dans le rapport œstrogène-progestérone qui se fait dans le sens d’un surplus d’œstrogènes.

Ce n’est pas tant la quantité d’œstrogènes ou de progestérones qui compte que la proportion entre les deux. Le déséquilibre hormonal pourrait être relié à un excès d’œstrogène, mais aussi à un manque de progestérone. Menstruations abondantes, seins congestionnés, syndrome prémenstruel sont quelques indices de ce type de déséquilibre.

Bien qu’elles puissent être affectées par la progestérone, c’est surtout sous l’action des œstrogènes que les cellules du fibrome prolifèrent. C’est pour cette raison que les fibromes ont tendance à diminuer en taille à la ménopause quand le cycle ovarien s’arrête. (2)

Puisque les phytoœstrogènes, comme ceux contenus dans certains aliments, sont environ mille fois moins puissants que les œstrogènes, on obtient une réduction des effets oestrogéniques lorsqu’ils sont présents en quantités modérées car ils vont compétitionner les œstrogènes sur les sites récepteurs des cellules. On doit tout de même éviter un excès de phytoœstrogènes qu’on pourrait atteindre, par exemple en consommant de grandes quantités quotidiennes de soja.


Identifier et limiter les facteurs favorisants

Outre d’éventuels facteurs héréditaires, de l’âge, de la nulliparité (grossesse tardive), l’apparition de fibromes utérins est associée à de nombreux facteurs favorisants liés au mode de vie et à l’environnement dans lequel on vit. Parmi ces facteurs, on retrouve le syndrome métabolique, mais aussi l’obésité qui contribue justement à un taux d’œstrogènes augmenté dans le corps. Nous savons que ces états sont liés à nos modes de vie associant souvent une alimentation déficiente à la sédentarité, à des abus de toutes sortes, au stress, aux troubles du sommeil ou encore à une exposition à divers polluants.

De manière générale, on sait aussi que les femmes sont plus à même de se retrouver en excès d’œstrogènes dans notre société moderne. À ce sujet, les xéno-estrogènes présents dans les plastiques et autres matières issues de l’industrie moderne perturbent l’équilibre de nos hormones, favorisant ainsi l’apparition et la croissance des fibromes. (3)

Ils sont également responsables de l’âge de plus en plus précoce des premières règles, un autre facteur favorisant les fibromes. L’utilisation des contraceptifs à un jeune âge est également en cause. Ne sont-ils pas également des perturbateurs endocriniens interférant avec le fonctionnement physiologique du cycle hormonal ?

Un autre facteur favorisant le fibrome est la déficience en vitamine D. Il s’agit là d’un élément important pour tout le monde, mais surtout pour les femmes noires qui sont plus sujettes à ce type de déficiences quand elles vivent dans des latitudes plus propices à l’enneigement qu’à l’ensoleillement. Le soleil est essentiel à la fabrication de cette vitamine par notre peau. Si c’est votre cas, se supplémenter en vitamine D pendant l’hiver pourrait être une bonne idée !


Retrouver son équilibre hormonal

Prendre soins des fibromes de manière holistique nécessite de prendre soin de notre foie, de notre thyroïde, de nos surrénales et de nos intestins qui doivent fonctionner de façon optimale pour préserver l’équilibre hormonal. Par ailleurs, quand bien même un fibrome est opéré et n’engendre plus aucun symptôme, ce n’est pas pour autant que notre organisme en entier a retrouvé la santé. Il est malheureusement courant que les fibromes réapparaissent après une myomectomie.

Le foie est indispensable au métabolisme des hormones. Le foie est souvent aggravé par des excès pitta et/ou une accumulation de toxines métaboliques, appelées ama en ayurvéda. Les toxines encombrent le foie et nuisent à son rôle consistant à déconjuguer les vieilles hormones. Par exemple, l’élimination des œstrogènes en phase lutéale (deuxième phase du cycle menstruel) ne se fera pas bien, ce qui va contribuer à l’augmentation des œstrogènes circulants. Limiter l’alcool, le café, les drogues, les médicaments et les polluants en général soulage le travail du foie alors que les aliments amers et les plantes médicinales qui sont toniques pour le foie contribuent à le soigner.

D’autre part, un intestin en santé est d’une importance capitale pour l’élimination des œstrogènes car le foie expulse ces dernières via la bile qui circule ensuite dans l’intestin. Si l’on produit davantage de bêta-glucuronidase, une enzyme produite par nos bactéries intestinales, nos œstrogènes peuvent être réactivés et réabsorbés. Notons que les grandes mangeuses de viande produisent davantage de cette enzyme et qu’elles ont généralement un temps de transit intestinal plus long, favorisant la réabsorption des toxines. Il faut donc porter attention à la constipation ainsi qu’à toutes formes de déséquilibre de la flore intestinale.

Les glandes surrénales sont les premières affectées par le stress, lequel peut déséquilibrer le rapport œstrogènes-progestérones en détournant la production de cette dernière. Le stress contribue aussi à nous conduire vers le « syndrome métabolique » qui est un facteur de risque connu du fibrome utérin.

Enfin, la glande thyroïde est aussi étroitement liée aux glandes surrénales. Lorsque celles-ci se fatiguent, c’est la thyroïde qui en souffre. Les excès d’œstrogènes affectent aussi négativement la thyroïde, interférant avec l’action des hormones thyroïdiennes, essentielles au bon fonctionnement de notre métabolisme. L’affaiblissement de la thyroïde peut aussi mener à des perturbations menstruelles.

Lire la suite de ce billet sur le site Ayurvéda révolution

Ayurvéda Révolution est un site de référence spécialisé en ayurvéda, la médecine traditionnelle de l’Inde. Il encourage le libre arbitre en matière d’alimentation, de santé et d’écologie, souhaitant faciliter un retour aux sources ainsi que l’accès à un mode de vie autonome et durable, en symbiose avec le vivant. Sa mission est de transmettre l’ayurvéda authentique et de l’actualiser aux diverses réalités des peuples du monde, démystifiant la santé naturelle de manière simple et rafraîchissante, d’un regard critique et investigateur.