Les métiers typiquement féminins comportent beaucoup de risques invisibles. Pourquoi? Parce qu’ils paraissent minimes, parce qu’ils se retrouvent dans la sphère privée ou encore parce qu’ils sont perçus comme honteux (douleurs menstruelles, ménopause, etc.). Telles sont les conclusions présentées par Karen Messing, pionnière dans la recherche sur la santé des travailleurs et travailleuses.

C’est lors d’une matinée publique organisée par le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) le 18 novembre 2016 que Karen Messing a présenté son plus récent livre, Les souffrances invisibles : pour une science du travail à l’écoute des gens.

Pendant la conférence, 3 exemples d’invisibilité ont été discutés. D’abord, la position debout, condition de travail spécifique aux femmes (pensons aux emplois de caissières, vendeuses, commis, etc.) qui procurent beaucoup de douleurs aux pieds et aux jambes. La posture en elle-même, ainsi que le contrôle sur la posture (la contrainte de ne pas pouvoir s’asseoir) créent ces douleurs.

Le deuxième exemple est celui de la conciliation travail-famille. K. Messing a illustré cette invisibilité avec une étude menée avec 30 téléphonistes ayant toutes des enfants de moins de 12 ans. Les horaires très changeants et incompatibles avec la vie de famille, ainsi que le manque d’empathie de la part de l’employeur étaient responsables, entre autres, de l’importante détresse psychologique vécue par ces travailleuses.

Enfin, le travail d’équipe, illustré avec les postes de caissières dans les banques, est une troisième source de souffrances invisibles.

À la suite de cette présentation une discussion s’est ouverte sur les actions à entreprendre pour rendre visible ces souffrances invisibles et sur comment concilier travail et égalité. « L’invisible qui fait mal », un partenariat entre 3 centrales syndicales et une équipe de recherche sur la santé des travailleuses, a permis de mettre en lumière plusieurs risques au travail pour les femmes, qui illustrent les conséquences de la division sexuelle du travail sur la santé des travailleuses.

– Véronique Deslauriers, doctorante en démographie (santé de la reproduction à l’adolescence) et bénévole au RQASF.