Un récent article publié sur le site Santé-nutrition.org dénonce le soya comme étant un « poison » qui peut nous faire mourir à petit feu. Pour commencer, attention à ce site, préviennent Thierry Souccar et son équipe sur leur site LaNutrition.fr, selon qui Santé-nutrition.org n’est ni plus ni moins qu’un « site poubelle (et pirate) ». (Ne confondons pas non plus Santé-nutrition avec l’excellent site SanteNatureInnovation!). Ouf! Pas toujours facile de s’y retrouver. L’article en question aurait été partagé plus de 10 000 fois, mais en tentant de placer le lien ici, je constate que le site a été fermé.

Considérant cette large diffusion, reprenons tout de même quelques-uns des mensonges au sujet du soya véhiculés dans le site Sante-nutrition.fr. Consommer du soya causerait :

  • de la constipation (faux : il contient au contraire des fibres);
  • une prise de poids (faux : comme le thé vert, il en protège plutôt);
  • de la fatigue (eh non, une récente étude montre le contraire);
  • une baisse de la libido (encore faux : c’est le contraire, d’après les études disponibles)
  • un rétrécissement du cerveau (!) accompagné d’une diminution des fonctions cognitives (bien au contraire, selon des études scientifiques);
  • et la liste est longue; lisez l’article de La Nutrition.fr, chaque affirmation est appuyé par des études.

Un passage a tout de même attiré mon attention, car bien sûr, nous ne sommes pas en France, ni en Europe. L’article que nous décrions évoque ceci :

… Sachez que les cultures massives de soja dans le monde ont des effets catastrophiques sur les paysans des pays du tiers monde.  ». Sur cette question, LaNutrition.fr acquiesce (« rigoureusement exact ») précisant que ce soya est surtout destiné à l’alimentation du bétail et que le « soja français se distingue du soja cultivé aux Amériques par l’absence d’OGM, la culture du soja transgénique étant interdite en France, en bio, comme c’est toujours le cas, mais également en conventionnel. 

Selon le site planetoscope.com, 70 % du soya produit dans le monde est OGM (génétiquement modifié). Les États-Unis sont le 1er producteur et exportateur mondial de soya, suivis des 2 géants agricoles sud-américains, le Brésil et l’Argentine, qui ensemble représentent la moitié de la production mondiale.

Donc… nous maintenons nos conseils avancés dans notre dernière publication sur l’alimentation, Savourez la santé (p. 14-15) : consommez votre soya biologique!

Et la méno?

Extrait de Savourez la santé, Soya et ménopause (p. 15) :

« La période précédant la ménopause est caractérisée le plus souvent par une prédominance en estrogènes (un déséquilibre par rapport à la progestérone). Les phytoestrogènes, molécules contenues dans certains végétaux, peuvent bloquer les effets négatifs de la production d’estrogènes si notre organisme en produit en excès.

Les sources alimentaires de phytoestrogènes les plus connues sont le soya (qui contient des isoflavones) et les graines de lin. Selon plusieurs études, le soya a aussi un effet bénéfique pour la prévention de certains cancers, la diminution de la perte osseuse chez les femmes ménopausées et la diminution de l’intensité de certains malaises.

Si vous souffrez de bouffées de chaleur incommodantes, de sueurs nocturnes épuisantes, vérifiez que vous tolérez bien le soya, puis essayez-le pendant une certaine période (1 à 2 verres de lait de soya biologique par jour peuvent suffire). Si vous souhaitez l’adopter à plus long terme, ou si vous le digérez mal, il vaut mieux le consommer sous forme fermentée (tempeh, miso). Il est recommandé de ne pas faire usage de suppléments d’isoflavones ou de poudre d’isolat de protéines de soya. Il est également recommandé de limiter sa consommation de soya en cas de cancer hormonodépendant. »

Selon Jean-Yves Dionne (un autre site fiable : Franchement santé), « il est intéressant, pour toute femme ménopausée, d’incorporer régulièrement des légumineuses variées (protéines végétales) dans son alimentation. »

Précisons enfin que le soya est un aliment, pas une molécule. Un aliment complet peut être choisi en magasin, cuisiné, dégusté (tofu, tempeh, miso…), être choisi déjà préparé (lait de soya par exemple). Le soya n’est pas de l’œstrogène, ses bienfaits dépassent largement ceux d’une molécule isolée.

Consommez-vous du soya? L’avez-vous essayé pour diminuer vos bouffées de chaleur? Est-ce que ça fonctionne pour vous? Et… avez-vous essayé notre fameuse recette de gâteau pour la ménopause?

Isabelle Mimeault, responsable de recherche (RQASF)