D’un point de vue physiologique, la ménopause signifie la fin de la fécondité. Au-delà des spécificités propres à chacune d’entre nous, qu’est-ce qui est semblable chez toutes les femmes?
- Modification dans le fonctionnement des ovaires
- Arrêt définitif des menstruations
- Changements significatifs dans le taux d’hormones sexuelles contenues dans le sang
De nombreux renseignements dont nous disposons aujourd’hui concernant la période de la ménopause proviennent de l’étude SWAN (Study of Women’s Health Across the Nation), une enquête épidémiologique qui a suivi près de 3 000 femmes aux États-Unis depuis 1994.
Tour d’horizon.
Le cycle menstruel en bref
À la naissance, les ovaires, des glandes situées de chaque côté de l’utérus, contiennent des sacs d’ovules appelés follicules. Chaque follicule contient un ovule immature.
Dès la puberté, chaque mois, et tout au long de la période reproductive de la femme, un ovule est amené à maturité. C’est l’ovulation. Cet ovule parvient à maturation grâce à l’action de plusieurs hormones dont les œstrogènes. Les œstrogènes ne sont pas une hormone, mais une classe d’hormones composée elle-même de trois hormones : l’œstradiol (10-20 %), l’œstrone (10-20 %) et l’œstriol (60-80 %).
Chaque femme naît avec un nombre total d’ovocytes estimé entre 700 000 et 2 000 000. La majorité dégénère pour atteindre un nombre de moins de 500 000 à la puberté dont seulement 400 à 500 environ atteindront l’ovulation pendant la période reproductive (Dr Claire Lewandowski, 2021).
Qu’est-ce qu’une hormone? Une substance chimique sécrétée par un organe ou une glande et véhiculée dans une autre partie du corps par la circulation sanguine.
L’ovule, libéré de l’ovaire, parcourt ensuite la trompe de Fallope pour se diriger vers l’utérus et c’est pendant ce trajet que l’ovule peut être fécondé. Lors de l’ovulation, le follicule ayant libéré l’ovule demeure dans l’ovaire et se transforme en corps jaune, une petite glande jaune située à la surface de l’ovaire. Le corps jaune sécrétera l’hormone nommée progestérone (également appelée l’hormone lutéale).
Les œstrogènes, sécrétés principalement par les ovaires, sont responsables de l’épaississement de la muqueuse de l’utérus, l’endomètre, à l’intérieur de laquelle l’ovule s’implante s’il y a fécondation. La progestérone joue également un rôle important dans la préservation de la muqueuse utérine en cas de grossesse. S’il n’y a pas fécondation de l’ovule, le taux de progestérone baisse, ce qui entraîne le « décollement » de la muqueuse utérine, et provoque les menstruations.
Hormones et organes associés au cycle menstruel
Plusieurs hormones jouent un rôle dans le fonctionnement du cycle menstruel, de la puberté jusqu’à la ménopause. Ces hormones sont sécrétées principalement par l’hypophyse et les ovaires.
a. Hypothalamus et hypophyse
L’hypothalamus et l’hypophyse sont deux glandes situées dans le cerveau. L’hypothalamus sécrète des hormones appelées Gonadotropine Releasing Hormone (Gn-Rh). Ces hormones ont pour fonction de stimuler l’hypophyse afin que celle-ci libère l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH). Ce sont ces deux hormones qui permettent de contrôler le cycle menstruel. L’hormone folliculo-stimulante (FSH) stimule les ovaires à produire les œstrogènes. De plus, elle stimule la croissance des follicules. De son côté, l’hormone lutéinisante (LH) fait éclater le follicule à l’ovulation. Il y aura ensuite la formation d’un corps jaune, produisant la progestérone. Les ovaires sont la principale source d’œstrogènes et de progestérone dans le corps féminin avant la ménopause.
Pendant la ménopause, lorsque tous les follicules ont été libérés, on observe s’installer une baisse d’œstradiol et une augmentation de GnRH qui amènent l’élévation progressive de FSH et de la LH. Cette augmentation est majoritairement dûe à la perte du rétrocontrôle par les hormones ovariennes car les ovaires deviennent moins sensibles à l’action de la FSH à la préménopause/périménopause.
b. Glandes surrénales
Les glandes surrénales sécrètent également des œstrogènes avant, pendant et après la ménopause et plus précisément des substances qui se transformeront en œstrone (autre forme d’œstrogènes) dans les tissus graisseux. Il est à noter qu’en tout temps, les glandes surrénales produisent également de petites quantités de progestérone.
Le taux de progestérone chute à la ménopause ce qui induit également la baisse d’œstrogènes.
c. Hormones androgènes
Les hormones androgènes, qui sont produites par les deux sexes, sont sécrétées chez les femmes par les ovaires et les glandes surrénales. La fonction principale de ces hormones est d’influencer les pulsions sexuelles des femmes.
Même pendant la ménopause, on observe toujours une sécrétion d’androgènes (surtout la molécule androstènedione).
Rôle du système hormonal
Le rôle de ce système hormonal est avant tout de préparer le corps des femmes à une éventuelle grossesse. En résumé, il fonctionne de la façon suivante :
- un faible taux d’œstrogènes et de progestérone dans le sang active l’hypothalamus et l’hypophyse qui stimulent alors les ovaires à sécréter les œstrogènes et la progestérone afin que survienne l’ovulation;
- après l’ovulation, s’il n’y a pas fécondation, le taux d’œstrogènes et de progestérone dans le sang redevient bas, ce qui entraîne par la suite un nouveau cycle.
C’est ce cycle qui est interrompu à la ménopause, plus ou moins graduellement, plus ou moins rapidement, en réponse à différents facteurs propres à chaque femme et à sa situation particulière : âge, conditions de vie, état de santé générale, hérédité, traumatismes, etc.
Pour résumer, lorsqu’il commence à y avoir peu de follicules, les corps jaunes sont de moins bonne qualité et le taux de progestérone chute. C’est le début de la préménopause et c’est là qu’on peut observer des effets comme des cycles irréguliers et des ménorragies (des menstruations abondantes et prolongées, plus de 7 jours).
La préménopause s’installe lorsque le nombre de follicules ovariens est inférieur à 1000.
Après cela, on constate des changements dans les taux d’œstrogènes. Dans un premier temps, ils seront assez hauts, ce qui peut provoquer des maux de tête, une tension dans la poitrine, des sautes d’humeur, des menstruations plus abondantes ou fréquentes ainsi que des métrorragies (saignements apparaissant en dehors de la période des menstruations).
Dans un second temps, lorsqu’il n’y a plus de follicule, les taux d’œstrogènes finissent par chuter et peuvent alors provoquer des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale, de la fatigue, de l’incontinence ou des infections urinaires, ainsi qu’une baisse du désir sexuel.
Par ailleurs, selon la médecin spécialiste de la fertilité Nanette Santoro, ce n’est pas tant la baisse absolue des niveaux d’hormones qui serait la cause des divers troubles ressentis aux périodes ménopausiques, mais plutôt les fluctuations de ces hormones.
Sources
Letombe, B., Catteau-Jonard, S., & Robin, G. (2019). Endocrinologie en gynécologie et obstétrique (2e édition. ed.). Elsevier Masson. https://www.sciencedirect.com/science/book/9782294759659
Panay, N., Briggs, P., & Kovacs, G. A. (2015). Managing the menopause : 21st century solutions. Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9781316091821
https://sante.lefigaro.fr/article/ce-qu-il-se-passe-dans-le-corps-pendant-la-menopause/