« La ménopause au jour le jour : Découvrez comment alléger vos symptômes », Éditions Berger (automne 2014), du Dr Réjean Savoie (spécialiste en obstétrique-gynécologie et en oncologie gynécologique, professeur de médecine à l’Université de Sherbrooke) et de Gemma Aucoin-Gallant (Ph. D. en andragogie, professeure à la retraite en science infirmière à l’Université de Moncton). Dr Michel Fortier, ancien président de la Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canada (SOGC) a rédigé la préface.
Soyons tout de suite prévenues : contrairement à ce que ces titres et spécialités pourraient nous faire croire, il ne s’agit pas d’un livre hyper-spécialisé ni hyper-médical. Au contraire, c’est un outil pratique, facile à lire.
Nous avons apprécié…
- Les jeux-questionnaires, au début de chaque chapitre, qui mettent en action 5 femmes : Louise, Ariane, Amanda, Lucie et Stéphanie, ce qui nous plonge dans chacun des sujets abordés. Les réponses se trouvent à la fin des chapitres, suivies de références. Ton direct, un peu comme dans notre trousse santé sur la ménopause, avec des explications encore plus accessibles.
- Les situations concrètes que vivent nos 5 femmes tout au long de l’ouvrage facilitent l’appropriation de contenus théoriques. En voici un exemple.
Aux pages 85-86, il est précisé qu’en 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réduit à moins de 5 % la quantité de sucre raffiné ou rajouté qu’il est recommandé de consommer par jour, ce qui représente pas plus de 25 g de sucre ou environ 6 cuillerées à thé de sucre raffiné (pour une personne dont l’indice de masse corporelle est près de la normale). L’augmentation de la consommation de sucre non naturel fait croître le risque de maladie cardiovasculaire, augmente le risque d’obésité abdominale et le poids corporel, et peut provoquer l’apparition de maladies chroniques telles que le diabète (p. 85). Suit une mise en situation qui nous aide à prendre conscience de la quantité de sucre qu’on ingère quotidiennement :
Ce matin, Ariane a tartiné ses rôties d’une cuillerée à table de sirop, ce qui équivaut à 3 c. à thé de sucre. En après-midi, elle a bu une canette de Pepsi de 355 ml, ce qui représente 8 c. à thé de sucre. Au souper, elle a déposé 1 c. à thé de ketchup sur sa patate au four, ce qui correspond à 1 c. à thé de sucre. Aujourd’hui, elle a consommé au total 12 c. à thé de sucre non naturel, ce qui dépasse largement les lignes proposées par l’OMS; elle aurait dû choisir une bouteille d’eau plutôt qu’une cannette de Pepsi. (p. 86)
- Les « Points à retenir », qui présentent un bon résumé des principaux éléments.
- Les « Conseils du Dr Réjean Savoie », issus de ses nombreuses années de pratique auprès des femmes, qui humanisent encore davantage le contenu.
- Les réponses aux questions que toute femme se pose. Quelle différence entre la périménopause et la ménopause? Qu’est-ce qui est normal ou anormal? Comment affronter ses bouffées de chaleur et combien de temps vont-elles durer? Comment prévenir la sécheresse vaginale?
- Les tableaux pratiques, par exemple pour auto-évaluer ses troubles du sommeil (p. 31) ou son « niveau d’activité physique habituel » (p. 111).
- La réflexion sur l’importance de faire un bilan de santé, afin de détecter les maladies silencieuses. Les différents tests, mesures et résultats sont vulgarisés et présentés de façon pratique (tests sanguins, par exemple).
- La place centrale accordée à l’activité physique (comme il se doit!). Voici un extrait trop intéressant pour ne pas le citer : « C’est la masse musculaire du corps qui constitue l’élément principal pour régler le métabolisme basal. Étant donné que la masse musculaire diminue à la ménopause, maintenir les mêmes activités physiques et la même alimentation qu’auparavant conduit à la prise de poids. Or, la prise de poids augmente la fréquence et l’intensité des bouffées de chaleur. » (p. 28)
- Le point de vue assez nuancé au sujet de l’hormonothérapie.
- L’excellent chapitre sur le stress, qui présente notamment l’importance de la respiration.
- Le chapitre sur la sexualité. Seule réserve : aucune considération pour les couples non hétéros, ce qui invisibilise une fois de plus les lesbiennes.
- Le dernier chapitre, qui présente aux femmes très motivées, un journal de bord détaillé de la ménopause, avec des cases à cocher, des questionnaires : histoire personnelle, symptômes et prise en charge de la ménopause, résultats des tests recommandés (p. 191-227). Pour celles qui aiment s’amuser avec le « genre magazine féminin ».
Notre point de vue critique (toujours!)
Ne reprenons pas dans les détails nos petites divergences de points de vue, par exemple, concernant le Guide alimentaire canadien (voir Savourez la santé p. 5) ou l’huile de coco (une mauvaise huile, vraiment?). Pour nous, la principale lacune de l’ouvrage concerne le silence absolu sur les plantes et toutes les approches dites complémentaires susceptibles d’apporter une aide précieuse tout au long de la transition ménopausique.
Bien sûr, les « médecines alternatives et complémentaires » (PDF), comme on les appelle, n’ont toujours pas la cote auprès des autorités biomédicales et ne sont toujours pas enseignées, ou si peu, dans les universités.
La Société des Obstétriciens et des Gynécologues du Canada (SOGC) réaffirme sa position quasi hostile à l’égard des «MAC» dans la mise à jour 2014 de sa « directive clinique » (PDF) pour la Prise en charge de la ménopause… « en l’absence de preuves solides de leur efficacité » (p. 836). Aveuglement volontaire?
Nous saluons évidemment l’ouverture grandissante de la médecine officielle aux approches de promotion de la santé (alimentation, activité physique, bien-être mental), mais nous sommes bien en retard, au Canada et au Québec en ce qui concerne les approches dites parallèles.
Enfin, celles qui s’attendent à trouver, dans La ménopause au jour le jour, un point de vue détaillé sur les hormones bio-identiques seront déçues (un seul paragraphe, p. 49). Mea culpa, nous n’avons pas non plus encore fait notre travail sur la question. Cela viendra, promis.
Malgré ces quelques critiques, et pour toutes les bonnes raisons que nous avons soulevées plus haut, ce livre demeure selon nous une référence fiable et solide pour les femmes qui souhaitent prendre leur santé en main.
– Isabelle Mimeault, responsable de recherche (RQASF)