Grand Débat de l’Institut Santé et Société « qui profite de la réforme en santé? Bilan et perspectives citoyennes »

Depuis plus de deux ans le système québécois de santé et de services sociaux subit de profondes transformations notamment dans le but de simplifier l’accès aux services à la population, de contribuer à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins et d’accroitre l’efficience et l’efficacité du réseau. Dans quelle mesure la réforme a-t-elle atteint ses objectifs?

Le 28 janvier dernier, l’Institut Santé et Société de l’UQAM avait convié le milieu de la recherche, les citoyens et citoyennes ainsi que les travailleurs et travailleuses du système de santé et services sociaux à un dialogue sur cette réforme. L’objectif de cette journée était de cerner les enjeux, favoriser des réflexions sur la gouvernance et de jeter les bases d’une démarche collective pour en savoir davantage et s’engager dans des actions concrètes afin de conserver un système de santé et services sociaux public et de qualité.

  • Comment pouvons-nous, en tant que citoyennes et citoyens, agir sur ces réformes qui ont de profonds impacts sur la santé des populations?
  • Pouvons-nous dégager des propositions stratégiques d’actions collectives citoyennes?

Services de santé : pas le seul déterminant

Alors que le débat sur la santé se concentre généralement sur l’offre et la qualité de soins de santé, il est important de rappeler que la santé n’est pas uniquement influencée par cette dimension médicale. La santé est tributaire d’un ensemble de déterminants sociaux, qui sont influencés par des politiques publiques, stratégies et programmes sociaux, tels que le logement, l’éducation, les conditions de travail, les inégalités sociales et le revenu disponible.

Depuis les dernières années, ces déterminants sociaux de la santé se voient également affectés par des réformes néolibérales (et non uniquement libérale au sens du parti politique) tels que les réformes de l’aide sociale, les coupures en éducation et en logement social. Ces réformes qui prennent des modalités variées selon les régions et secteurs d’activité ont une visée commune : rendre les individus plus autonomes vis-à-vis leurs gouvernements. Les communautés locales sont appelées à se relever les manches pour répondre aux besoins des plus vulnérables que le système public délaisse. Ainsi, la réforme du système de santé s’inscrit dans un contexte plus large où l’ensemble des déterminants sociaux de la santé se voient affectés.

Le genre est un autre déterminant social de la santé. Il semble que cette réforme du système de santé et de services sociaux a d’importantes implications pour les femmes. Elles sont premièrement des usagères. Ensuite, le système fonctionne grâce à des milliers de travailleuses qui voient, aujourd’hui, leurs conditions et environnement de travail se détériorer. De plus, elles sont là lorsque le système flanche et ne répond plus aux besoins de la population, par exemple, en tant que mères, proches-aidantes ou travailleuses du communautaire. Elles seront également là en tant que citoyennes qui militent pour la préservation d’un système de santé et de services sociaux public, gratuit, accessible et universel.

Un débat et des actions

Lors du grand débat de l’ISS, des intervenants et intervenantes ont été appelés à discuter de la privatisation, de la médicalisation, de la centralisation, de l’uniformisation et de la confusion qui transforme peu à peu le système au détriment des plus vulnérables.

En plus de critiquer l’absence de fondements scientifiques et d’évaluation qui justifient cette réforme, ces derniers ont soulevé d’importants enjeux liés à la gouvernance et à la démocratie du système : non seulement plusieurs lieux de prise de décision se ferment à la population, mais un régime de peur empêche certaines et certains de parler publiquement des effets de la réforme sur les services et leurs conditions de travail (pour consulter les présentations). À la suite de cette journée de discussion riche et fructueuse, il a été convenu qu’une synthèse des enjeux et propositions soulevées soit produite et diffusée de manière à ce qu’un comité puisse dégager des pistes d’action claires. Pour être au courant des suites de la démarche : santeetdemocratie@gmail.com.

En attendant des nouvelles de cette initiative, que pouvons-nous faire?

aimez-votre-sante

– Marie-Ève Desroches, étudiante au doctorat en études urbaines (villes, santé publique, logements et lutte aux inégalités de santé), INRS-Urbanisation, culture et société