

Certains mythes sur la ménopause tendent à disparaître grâce au travail de sensibilisation des diverses ressources préoccupées par la santé globale des femmes. Néanmoins, certains mythes semblent plus difficiles à déconstruire en raison, notamment, des idées que véhicule la société occidentale sur le vieillissement et sur la prise en charge de la santé.
« La ménopause est une maladie »
La ménopause est un phénomène physiologique aussi naturel que la naissance, la puberté et les menstruations. Même si la fin du cycle reproductif est une étape normale dans le développement physiologique des femmes, la ménopause est perçue par certains acteurs de la société comme une maladie pour laquelle il est logique de chercher un remède ou un traitement. En décrivant la ménopause comme une carence ou un dérèglement hormonal à la source de nombreux troubles physiques et psychologiques, le discours biomédical entretient l’idée qu’elle est un problème de santé à soigner. Ce discours sème l’inquiétude auprès des femmes, majoritairement en santé, en leur laissant croire que toutes vivront difficilement cette période de leur vie.
« La ménopause, c’est le début de la vieillesse »
Allons donc ! En Amérique du Nord, l’espérance de vie des femmes varie de 81,2 ans (États-Unis) à 82,2 ans (Canada) et l’âge moyen de la ménopause est de 51 ans. Bien que l’on puisse espérer vivre encore 30 ans après sa ménopause, celle-ci est encore perçue comme le début de la vieillesse. La fin de la capacité reproductive ne signe pas la fin du rôle actif des femmes dans la société, bien au contraire.
« La ménopause, c’est la fin de la féminité et de la sexualité »
La façon de définir et de vivre la féminité et la sexualité avant et après la ménopause est particulière à chaque femme. Les origines culturelles, les valeurs personnelles, la société dans laquelle on évolue et les expériences de la sexualité façonnent les opinions, les attentes et les désirs sexuels et influencent la façon de vivre sa sexualité après la ménopause. Aussi, une sexualité épanouie avant la ménopause risque de le demeurer par la suite.
Par contre, il ne faut pas nier que les représentations omniprésentes de corps jeunes et sveltes comme critèresde beauté et de désirabilité mettent à l’épreuve l’image que chaque femme développe et possède d’elle-même. S’il est vrai que pour plusieurs femmes se sentir désirées et désirables les aide à vivre plus positivement leur sexualité, il importe de déconstruire la croyance qu’un corps vieillissant est non désirable. Le charme, la tendresse et la sensualité ne contribuent-ils pas aussi au désir et à la beauté de chacune ? Enfin, avec l’âge, il y a un ralentissement des réactions sexuelles tant chez la femme que chez l’homme. Ces changements physiologiques sont normaux et n’indiquent pas la fin du désir sexuel.
« Ménopause = gain de poids »
La prise de poids n’est pas due à la ménopause elle-même, mais à la réduction du métabolisme liée à l’âge, lorsque l’organisme brûle moins rapidement les calories. Il s’agit d’un phénomène normal du processus de vieillissement. Le gain de poids peut être relié également au stress, qui a une incidence sur les habitudes alimentaires de certaines femmes ou à l’inactivité physique. Et du stress, la majorité des femmes en vivent beaucoup !
« La ménopause, c’est la fin de la productivité »
Il y a toutes sortes de façons de contribuer à l’enrichissement de la vie en société et elles sont toutes autant valables. Les femmes ménopausées sont à une étape de leur vie où elles ont acquis beaucoup d’expérience et de connaissances et ont développé une réflexion pouvant profiter à plusieurs. Elles ont un bagage de compétences qui ne demandent qu’à être reconnues. Dans notre société néo-libérale, la productivité est associée à la rentabilité, donc à la valeur marchande d’une activité. La performance, le rendement et le travail rémunéré sont trop souvent les principaux critères d’évaluation de la productivité d’une personne. Et pourtant, si toutes les compétences et les contributions des femmes ménopausées étaient reconnues, nous verrions à quel point cette période de la vie est riche et productive !
« À la ménopause, on devient folle »
S ’affirmer, contester ou questionner les normes établies, dire les vraies choses, prendre sa place au risque de bousculer les gens autour de soi, exprimer sa vulnérabilité par rapport aux changements qui bousculent sa vie familiale, sociale ou professionnelle, tout ça est-il synonyme de folie ? Bien sûr que non ! Par contre, une personne qui se questionne et tente d’améliorer sa qualité de vie peut briser l’équilibre autour d’elle. Cela peut déranger, surtout s’il y a perte de privilèges pour certains ou remise en question des relations établies. Il est tentant alors de faire croire que tout se passe dans la tête des femmes.
En guise de conclusion :
DE KONINCK, M. (2000). « La ménopause, une expérience à considérer dans son contexte socioculturel ». Le médecin du Québec. Vol. 35, no 3 (mars), p. 47-50.